![]() Par Oluwatosin Popoola, Conseiller relatif à la peine de mort 10 avril 2019, 01:01 UTC « Je souhaite à AI de progresser et de rencontrer le succès dans son travail. La visite que vous nous avez rendue nous a fait plaisir et montre qu’AI est fiable et qu’on peut compter sur elle pour le combat pour les droits des personnes. » -- Jules Hohoutou Zinsou, ancien prisonnier condamné à mort En 2014, le sort tragique de 14 prisonniers condamnés à mort dans le petit État du Bénin, en Afrique de l’Ouest, a attiré mon attention. D’après les informations dont disposait Amnistie internationale, 14 hommes – 10 Béninois, deux Nigérians, un Togolais et un Ivoirien – se trouvaient encore dans le quartier des condamnés à mort au Bénin. On savait toutefois peu de choses au sujet de ces hommes maintenus dans le quartier des condamnés à mort, alors que le Bénin était partie à un traité international interdisant les exécutions judiciaires dans le pays et l’engageant à abolir la peine capitale. Cela faisait plus de vingt ans que ces hommes avaient été condamnés à mort et qu’ils étaient détenus dans des conditions lamentables. Ils se trouvaient dans une situation totalement incertaine : ils ne pouvaient pas être exécutés en raison des obligations du Bénin découlant de ce traité, mais ils étaient tout de même maintenus dans le quartier des condamnés à mort, où ils subissaient toutes les éprouvantes conséquences de ce statut. En mai 2016, j’ai fait partie d’une délégation d’Amnesty International qui est allée au Bénin et qui a rendu visite à ces hommes, rencontré les autorités et plaidé pour la commutation de leurs peines capitales. À la suite de cette visite, en janvier 2017, Amnistie a publié un rapport attirant l’attention sur la situation très difficile de ces hommes et appelant les autorités à commuer leurs sentences capitales. Quelques mois plus tard, en juillet 2017, une pétition a été lancée, renouvelant notre appel en faveur d’une commutation et intensifiant la pression exercée sur les autorités pour qu’elles y procèdent. Plus de 3 000 militants d’Amnistie ont signé cette pétition. En février de l’an dernier, notre travail de plaidoyer a porté ses fruits : le président béninois a commué les peines de mort de ces hommes en peines d’emprisonnement à perpétuité. À la fin du mois de juillet, pour la deuxième fois, je suis allé rendre visite, avec des collègues d’AI Bénin, aux 14 hommes emprisonnés. Cette fois, les peines de mort et l’incertitude qui planaient au-dessus de ces hommes au cours de ma précédente visite avaient disparu. Bien qu’ils soient toujours en prison, ils ont été libérés des entraves de la peine capitale et leur droit à la vie a été rétabli. Quand ils sont entrés, l’un après l’autre, dans la salle des visites de la prison d’Akpro-Missérété, certains d’entre eux ont souri en voyant la délégation d’Amnesty. Ils ont remercié Amnistie pour son travail de plaidoyer en faveur de la commutation de leurs peines de mort. Saibou Latifou a déclaré : « Nous remercions Amnistie internationale, sans vous nous serions toujours sous le coup d’une condamnation à mort. Nous sommes heureux de ne plus être des condamnés à mort. Un autre homme, Christophe Yaovi Azonhito, nous a dit : « Vous dire merci, ce n’est pas assez par rapport à tout ce qu’Amnistie internationale a fait pour nous. Nous vous demandons de faire part de notre gratitude aux membres d’AI dans le monde entier. » Le quartier de la prison réservé aux condamnés à mort, où ces hommes étaient enfermés depuis des années, a été transformé en dortoir pour la population carcérale générale. Après de nombreuses années d’isolement et de souffrance dans le quartier des condamnés à mort, les 14 hommes vivent à présent avec les autres prisonniers, ils peuvent participer aux activités récréatives et trois d’entre eux ont été nommés chefs de chambrée par les autorités de la prison. Quand j’ai dit au revoir aux 14 hommes et suis sorti de la prison, j’ai ressenti un fort sentiment du devoir accompli. Cela m’a encouragé de voir que le travail d’Amnistie débouche sur des résultats positifs, et j’espère que la peine de mort sera dans peu de temps de l’histoire ancienne partout dans le monde.
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![]() Chiffres mondiaux Amnistie internationale a recensé au moins 690 exécutions dans 20 pays en 2018, ce qui représente une baisse de 31 % par rapport à 2017 (au moins 993). Ce chiffre est le plus faible qu’Amnistie internationale a enregistré au cours de la dernière décennie. La plupart des exécutions ont eu lieu, par ordre décroissant, en Chine, en Iran, en Arabie saoudite, au Viêt-Nam et en Irak. Une fois de plus, c’est en Chine qu’ont été exécutés le plus grand nombre de condamnés. Toutefois, il s’avère impossible d’obtenir des chiffres précis sur l’application de la peine capitale dans le pays, ces données étant classées secret d’État. Le chiffre d’au moins 690 personnes exécutées dans le monde n’inclut donc pas les milliers d’exécutions qui ont probablement eu lieu en Chine. Les autorités vietnamiennes ont indiqué en novembre avoir procédé à 85 exécutions en 2018, ce qui place le Viêt-Nam parmi les cinq pays ayant le plus massivement exécuté des condamnés. Hormis la Chine, quatre pays seulement sont responsables de près de 78 % de toutes les exécutions recensées à l’échelle mondiale : l’Iran, l’Arabie saoudite, le Viêt-Nam et l’Irak. Le Botswana, le Soudan, Taiwan et la Thaïlande ont tous repris les exécutions l’an dernier. À la connaissance d’Amnistie internationale, aucune exécution n’a eu lieu en 2018 à Bahreïn, au Bangladesh, aux Émirats arabes unis, en Jordanie, au Koweït, en Malaisie et en Palestine (État de), contrairement à 2017. En Iran, le nombre d’exécutions a chuté, passant d’au moins 507 en 2017 à au moins 253 en 2018, ce qui représente une baisse de 50 %. En Irak, le nombre d’exécutions est passé d’au moins 125 en 2017 à au moins 52 en 2018, et au Pakistan, il est passé d’au moins 60 en 2017 à au moins 14 en 2018. En Somalie, le nombre d’exécutions a été divisé par deux, passant de 24 en 2017 à 13 en 2018. Le Burkina Faso a supprimé la peine de mort dans son nouveau Code pénal en juin. En février et en juillet respectivement, la Gambie et la Malaisie ont déclaré un moratoire officiel sur les exécutions. En octobre, aux États-Unis, la loi relative à la peine capitale dans l’État de Washington a été déclarée inconstitutionnelle. À la fin de l’année 2018, 106 pays (la majorité des États dans le monde) avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes dans leur législation, et 142 (plus des deux tiers des États) étaient abolitionnistes en droit ou en pratique. D’après les informations dont dispose Amnistie internationale, des condamnés à mort ont bénéficié d’une commutation ou d’une grâce dans les 29 pays suivants : Afghanistan, Bahreïn, Bangladesh, Barbade, Bénin, Botswana, Chine, Corée du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, Guyana, Inde, Iran, Koweït, Malaisie, Malawi, Maldives, Maroc et Sahara occidental, Myanmar, Nigeria, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Qatar, Saint-Kitts-et-Nevis, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie et Zimbabwe. Huit prisonniers condamnés à mort ont été innocentés dans quatre pays : Égypte, États-Unis, Koweït et Malawi. Amnistie internationale a enregistré au moins 2 531 condamnations à mort dans 54 pays, ce qui représente une légère baisse par rapport au total de 2 591 enregistré en 2017. À la connaissance de l’organisation, au moins 19 336 personnes à travers le monde se trouvaient sous le coup d’une condamnation à mort à la fin de l’année 2018. Les méthodes d’exécution utilisées dans le monde en 2018 ont été les suivantes : la décapitation, l’électrocution, la pendaison, l’injection létale et les armes à feu. Deux nouvelles peines de mort par lapidation ont été prononcées en Iran, d’après les informations dont dispose Amnistie internationale. Selon des informations reçues en 2018, sept personnes ont été exécutées en Iran pour des infractions commises alors qu’elles étaient âgées de moins de 18 ans. À la connaissance d’Amnistie internationale, au moins 98 exécutions pour des infractions à la législation sur les stupéfiants ont eu lieu dans quatre pays, ce qui représente 14 % du total mondial, un chiffre en baisse par rapport aux 28 % enregistrés en 2017. Au moins 226 condamnations à mort prononcées pour ce motif ont été recensées dans 14 pays. Des condamnations à mort ont été prononcées de manière avérée à l’issue de procédures qui n’ont pas respecté les normes d’équité internationales dans plusieurs pays, notamment en Arabie saoudite, au Bangladesh, au Bélarus, en Chine, en Corée du Nord, en Égypte, en Irak, en Iran, en Malaisie, au Pakistan, à Singapour et au Viêt-Nam. Analyse par région Amériques Pour la 10e année consécutive, les États-Unis ont été le seul pays du continent américain à exécuter des condamnés. Le nombre d’exécutions (25) et de condamnations à mort (45) recensées aux États-Unis a légèrement augmenté par rapport à 2017. Dans l’État du Texas, le nombre d’exécutions a presque doublé par rapport à 2017 (passant de 7 à 13), et il représente un peu plus de la moitié du total enregistré pour le pays tout entier. Le Nebraska, le Tennessee et le Dakota du Sud ont procédé à leur première exécution depuis 1997, 2009 et 2012, respectivement. Des condamnations à mort ont été prononcées dans deux pays seulement : les États-Unis et le Guyana. Il s’agit du chiffre le plus faible enregistré par Amnistie internationale depuis que l’organisation a commencé à tenir des statistiques, en 1979. En octobre, dans l’État de Washington, aux États-Unis, la loi relative à la peine capitale a été déclarée inconstitutionnelle. Asie et Pacifique D’après les informations disponibles, au moins 136 exécutions ont eu lieu dans neuf pays de la région en 2018, contre au moins 93 en 2017. Cette augmentation est essentiellement due au fait que les autorités vietnamiennes ont de façon exceptionnelle révélé des chiffres. Toutefois, ce nombre n’inclut pas les milliers d’exécutions qui, selon Amnistie internationale, ont eu lieu en Chine. La Thaïlande a procédé à sa première exécution depuis 2009. Le Japon présente un chiffre annuel qui a plus que triplé (passant de 4 à 15) en raison de l’exécution par pendaison de 13 hommes impliqués dans l’affaire très médiatisée de l’attaque chimique mortelle au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Singapour a fait état de 13 exécutions, et c’est la première fois depuis 2003 que le nombre d’exécutions total dépasse la dizaine. Le Pakistan a annoncé une chute de 77 % du nombre d’exécutions, qui est passé de 60 en 2017 à au moins 14 en 2018. La Malaisie a annoncé un moratoire sur les exécutions, ainsi qu’une réforme de sa législation sur la peine capitale. À la connaissance d’Amnistie internationale, au moins 1 100 nouvelles condamnations à mort ont été prononcées dans 17 pays au total, ce qui représente une légère augmentation par rapport aux 1 037 condamnations enregistrées l’année précédente. Europe et Asie centrale Quatre exécutions au moins ont été recensées au Bélarus en 2018, contre deux en 2017. Depuis 2005, le Bélarus est le seul pays de la région à continuer de procéder à des exécutions. La Fédération de Russie, le Kazakhstan et le Tadjikistan ont maintenu leur moratoire sur les exécutions. Moyen-Orient et Afrique du Nord Le nombre d’exécutions recensées par Amnistie internationale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a reculé de 41 %, passant de 847 en 2017 à 501 en 2018, chiffre le plus bas enregistré dans la région. À la connaissance d’Amnistie internationale, cinq pays (l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Irak, l’Iran et le Yémen) ont procédé à des exécutions, soit deux fois moins qu’en 2017. L’Iran, l’Arabie saoudite et l’Irak demeuraient les pays procédant au plus grand nombre d’exécutions dans la région, totalisant à eux trois au moins 454 exécutions, soit 91 % du total enregistré pour l’ensemble de la région. Les 1 170 sentences capitales recensées en 2018 représentent une augmentation de 89 % par rapport aux 619 condamnations enregistrées en 2017. Comme en 2017, la majorité des condamnations à mort ayant pu être vérifiées dans la région ont été prononcées en Égypte, où au moins 717 personnes ont reçu une sentence capitale, contre au moins 402 en 2017. Afrique subsaharienne Quatre pays ont procédé à des exécutions en 2018 : le Botswana, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud. Malgré l’augmentation alarmante du nombre d’exécutions au Soudan du Sud, le nombre total enregistré pour la région est passé de 28 en 2017 à 24 en 2018, en raison de la chute du nombre d’exécutions recensées en Somalie. Le nombre de condamnations à mort recensées a diminué, passant de 878 au moins en 2017 à 212 au moins en 2018. Le nombre de pays ayant prononcé des sentences capitales a augmenté, passant de 15 en 2017 à 17 en 2018. Le Burkina Faso a aboli la peine de mort pour les crimes de droit commun seulement, et la Gambie a mis en place un moratoire sur les exécutions et ratifié un traité international l’engageant à abolir ce châtiment. ![]()
Le nombre d’exécutions recensées à travers le monde a chuté de près d’un tiers l’an dernier, atteignant le chiffre le plus faible enregistré depuis au moins une décennie, indique Amnistie internationale dans son rapport mondial sur la peine de mort en 2018, qu’elle rend public aujourd’hui. Les statistiques portent sur les exécutions dont Amnistie internationale a eu connaissance partout dans le monde sauf en Chine, où les chiffres continuent d’être classés secret d’État, mais l’on pense que les exécutions s’y comptent par milliers. À la suite d’une modification de la législation iranienne relative à la lutte contre les stupéfiants, le nombre d’exécutions recensées en Iran – pays qui recourt fortement à la peine de mort – a chuté de 50 %. L’Irak, le Pakistan et la Somalie présentent également une baisse sensible du nombre d’exécutions enregistrées dans l’année. En conséquence, le nombre d’exécutions recensées dans le monde a diminué, passant d’au moins 993 en 2017 à au moins 690 en 2018. « La chute du nombre d’exécutions à l’échelle mondiale prouve que même les pays apparemment les plus rétifs amorcent un changement et réalisent que la peine de mort n’est pas la solution, a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnistie internationale. « En dépit des quelques mesures rétrogrades prises par certains d’entre eux, le nombre d’exécutions auxquelles ont procédé plusieurs des pays recourant le plus fréquemment à ce châtiment a baissé de façon très sensible. Cela incite à espérer que ce n’est qu’une simple question de temps avant que ce châtiment cruel d’un autre temps ne soit relégué au passé. » Retour de la peine de mort Certains pays ont toutefois pris des mesures à contre-courant de cette tendance globalement positive. Amnistie internationale a enregistré une augmentation du nombre d’exécutions au Bélarus, aux États-Unis, au Japon, à Singapour et au Soudan du Sud. La Thaïlande a procédé à sa première exécution depuis 2009, et le président du Sri Lanka, Maithripala Sirisena, a déclaré vouloir reprendre les exécutions après un répit de plus de 40 ans, publiant une offre d’emploi pour des bourreaux en février 2019. « Les bonnes nouvelles pour l’année 2018 sont assombries par les agissements d’un petit nombre d’États malheureusement déterminés à résister à la tendance mondiale, a déclaré Kumi Naidoo. « Le Japon, Singapour et le Soudan du Sud ont fait état d’un nombre d’exécutions supérieur aux chiffres enregistrés depuis plusieurs années pour ces pays, et la Thaïlande a repris les exécutions après un répit de plus de 10 ans ; mais ces États représentent à présent une minorité sur le déclin. Je mets au défi tous les pays qui continuent de recourir à la peine de mort de faire preuve de courage et de mettre un terme sans plus tarder à ce châtiment ignoble. » Noura Hussein, une jeune femme soudanaise, a été condamnée à mort en 2018 pour avoir tué l’homme avec qui elle a été contrainte à se marier, quand il a essayé de la violer. À la suite d’une vague d’indignation mondiale, et notamment d’une importante action de campagne menée par Amnistie internationale, sa peine de mort a été annulée et remplacée par une peine de cinq ans d’emprisonnement. Elle a déclaré à Amnistie internationale : « J’ai été totalement abasourdie quand le juge m’a dit que j’étais condamnée à mort. Je n’avais rien fait qui me vaille de mourir. Je n’arrivais pas à croire qu’une telle injustice soit possible, en particulier à l’égard des femmes. Je n’avais jamais envisagé la possibilité d’être exécutée, avant ce moment-là. La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est "Qu’est-ce qu’une personne ressent quand elle est exécutée ? Que fait-elle ?". Je me trouvais dans une situation particulièrement difficile au moment de ma condamnation, ma famille m’avait reniée. J’ai dû faire face seule à ce choc. » Pays ayant exécuté le plus grand nombre de condamnés C’est une fois de plus en Chine qu’ont été exécutés le plus grand nombre de condamnés. Toutefois, il est impossible d’obtenir des chiffres précis sur l’application de la peine capitale dans le pays, ces données étant classées secret d’État. Amnistie internationale estime que plusieurs milliers de personnes sont condamnées à mort et exécutées chaque année dans ce pays. Au Viêt-Nam, fait exceptionnel, les autorités ont rendu publiques les statistiques relatives à la peine de mort, indiquant qu’au moins 85 exécutions y ont eu lieu en 2018. Ce chiffre confirme son classement parmi les cinq pays procédant le plus à des exécutions : la Chine (1000+), l’Iran (au moins 253), l’Arabie saoudite (149), le Viêt-Nam (au moins 85) et l’Irak (au moins 52). Hồ Duy Hải, qui avait été déclaré coupable de vol et de meurtre après, selon lui, avoir été torturé pour qu’il signe des « aveux », a été condamné à mort en 2008. Il risque toujours d’être exécuté. Le stress causé par l’imminence de son exécution a énormément affecté sa famille. Sa mère, Nguyễn Thị Loan, a dit à Amnistie internationale : « Il a été arrêté il y a 11 ans et notre famille est depuis déchirée. Je ne supporte plus cette douleur. Le fait de penser à mon fils qui souffre derrière les barreaux me fend le cœur. Je voudrais que la communauté internationale intervienne et nous aide à réunir notre famille. Vous êtes le seul espoir qui me reste. » Malgré une baisse sensible du nombre d’exécutions enregistrées dans le pays, l’Iran était toujours responsable de plus d’un tiers des exécutions recensées à l’échelle mondiale. Amnistie internationale est également préoccupée par la forte hausse du nombre de condamnations à mort prononcées dans certains pays au cours de l’année. En Irak, ce nombre a quadruplé, passant d’au moins 65 en 2017 à au moins 271 en 2018. En Égypte, le nombre de condamnations à mort a augmenté de plus de 75 %, passant d’au moins 402 en 2017 à au moins 717 en 2018. Cette forte hausse est imputable au fait que les autorités égyptiennes présentent un bilan consternant avec des condamnations à mort prononcées à l’issue de procès collectifs et souvent sur la base d’« aveux » obtenus au moyen de la torture et après une enquête de police marquée par des vices de procédure. Une tendance mondiale à l’abolition Globalement, les statistiques pour l’année 2018 montrent que la peine de mort est résolument en recul, et que des mesures concrètes sont prises partout dans le monde pour mettre fin à ce châtiment cruel et inhumain. Par exemple, le Burkina Faso a adopté un nouveau Code pénal excluant de fait la peine de mort, en juin. En février et en juillet respectivement, la Gambie et la Malaisie ont déclaré un moratoire officiel sur les exécutions . En octobre, aux États-Unis, la loi relative à la peine capitale dans l’État de Washington a été déclarée inconstitutionnelle. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en décembre, 121 pays – chiffre sans précédent – ont voté en faveur de la résolution appelant à un moratoire mondial sur la peine de mort. Seuls 35 pays ont voté contre cette résolution. « Lentement mais sûrement, un consensus mondial est en train de se former visant à la suppression du recours à la peine de mort. Amnistie mène campagne depuis plus de 40 ans pour que cessent les exécutions partout dans le monde ; mais ce combat est loin d’être terminé étant donné que l’on dénombre encore plus de 19 000 condamnés à mort à l’échelle mondiale, a déclaré Kumi Naidoo. « Au Burkina Faso comme aux États-Unis, des mesures concrètes sont prises en vue de l’abolition de la peine capitale. Les autres pays concernés doivent à présent s’engager sur la même voie. Nous voulons tous vivre dans une société qui nous offre la sécurité, mais les exécutions ne sont en aucun cas la solution. Grâce à l’appui continu de personnes du monde entier, nous avons la possibilité de mettre fin une fois pour toutes à la peine de mort, et nous y parviendrons. » À la fin de l’année 2018, 106 pays avaient aboli la peine de mort dans leur législation pour tous les crimes, et 142 étaient abolitionnistes en droit ou en pratique. Sri Lanka. Les exécutions ne régleront pas le problème de la criminalité liée aux stupéfiants.4/3/2019 ![]() Les exécutions ne permettront pas d’éradiquer la criminalité liée au trafic de stupéfiants au Sri Lanka, écrit Amnistie internationale le 3 avril 2019, dans une nouvelle synthèse qui dénonce le projet du président Maithripala Srisena de rétablir la peine de mort, 43 ans après la dernière exécution qui a eu lieu sur l’île. Cette synthèse, intitulée Sri Lanka: Halt Preparations to Resume Executions, met en lumière le fait que la peine de mort est utilisée dans des circonstances bafouant le droit international et les normes internationales, n’a pas d’effet dissuasif particulier sur la criminalité dans d’autres pays, est susceptible d’ôter la vie à des personnes condamnées à l’issue de procès iniques et de toucher de manière disproportionnée les personnes issues de minorités et de milieux socio-économiques défavorisés. « Rien ne prouve que le fait d’appliquer la peine de mort permettra de régler le problème de la criminalité liée au trafic de stupéfiants. Les exécutions ne sont jamais la solution. En effet, le risque est élevé que des personnes soient mises à mort à l’issue de procès iniques. En outre, c’est un châtiment qui touche de manière disproportionnée les personnes issues de milieux socio-économiques défavorisés », a déclaré Biraj Patnaik, directeur pour l’Asie du Sud à Amnistie internationale. Dans sa synthèse, Amnistie internationale souligne qu’il n’est pas prouvé que la peine de mort ait un effet dissuasif particulier sur la criminalité. Les statistiques de pays abolitionnistes montrent que les crimes qui étaient auparavant passibles de ce châtiment n’augmentent pas quand il n’est plus appliqué. Par ailleurs, la synthèse met en avant des pays ayant aboli la peine de mort ou modifié la législation relative au trafic de stupéfiants, notamment l’Iran, où les récentes modifications législatives se sont traduites par une nette baisse des exécutions de personnes reconnues coupables d’infractions liées aux stupéfiants. De même, en Malaisie, le gouvernement a annoncé un moratoire sur les exécutions et la révision des lois relatives à la peine de mort, après avoir adopté en 2017 une disposition accordant au juge une certaine liberté d'appréciation dans le choix de la peine dans les affaires de trafic de drogue. En outre, les procès des condamnés à mort pourraient ne pas avoir respecté les normes internationales d’équité, en raison de la pratique courante des actes de torture et des « aveux » forcés au sein du système judiciaire pénal du Sri Lanka, ce qu’ont noté la Commission nationale des droits humains du Sri Lanka et des experts de l’ONU. « Il n’y a pas de retour en arrière après une exécution. Or, aucun système judiciaire n’est parfait. Le risque d’exécuter un innocent ne peut pas être totalement éliminé et l’injustice qui en découle ne peut jamais être réparée », a déclaré Biraj Patnaik. Par ailleurs, les éléments recueillis dans d’autres pays montrent que les accusés issus de milieux socio-économiques défavorisés, appartenant à des minorités ethniques ou religieuses, sont exposés de manière disproportionnée à une condamnation à mort. Amnistie internationale demande au gouvernement sri-lankais de renoncer à son projet visant à rétablir les exécutions et d’instaurer un moratoire officiel sur l’application des condamnations à mort, en vue d’abolir définitivement la peine de mort. « Aucun système judiciaire pénal n’est capable de décider équitablement qui doit vivre et qui doit mourir. Le Sri Lanka n’a pas appliqué ce châtiment des plus cruels, dégradants et inhumains depuis plus de 40 ans. Il doit continuer d’honorer cette tradition, qui choisit la vie plutôt que la vengeance », a déclaré Biraj Patnaik. |
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