![]() Par Louise Juin Chaque année depuis 2003, la Journée mondiale contre la peine de mort est organisée le 10 octobre dans de nombreux pays, afin de rassembler les luttes en faveur de l’abolition de la peine capitale à travers le monde. Elle a été instituée par la Coalition mondiale contre la peine de mort et elle est officiellement soutenue par le Conseil de l'Europe et l'Union européenne. Chaque année, la Coalition mondiale axe sa programmation autour d'un thème particulier entourant la problématique plus globale de la peine de mort. Pour sa 15ème édition, la Coalition a voulu aborder un sujet vaste mais fastidieux : la pauvreté. Elle souhaite par ce biais attirer l'attention sur les raisons pour lesquelles les personnes vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles d’être touchées par la peine de mort. Pourquoi la pauvreté ? La pauvreté, en plus d'être un facteur d'exclusion sociale rendant les individus plus fragiles psychologiquement face aux aléas de la vie, rend la route du combat juridique vers la libération bien plus sinueuse pour les condamnés à mort. Dès le départ, les condamnés issus de milieux défavorisés commencent leur course avec un boulet au pied : le fonctionnement et les rouages du milieu judiciaire sont complexes et nécessitent un certain degré de connaissance afin de pouvoir user de tous leurs ressorts : les condamnés issus d'un milieu défavorisé ont moins accès à ce type d'information. Par la suite, le manque de capital économique reste une variable discriminante : un condamné pauvre n'aura pas accès à la même défense qu'un autre (un avocat coûte cher et un avocat compétant coûte encore plus cher), et ne pourra pas assurer les coûts engendrés par une bataille judiciaire sur la longue durée. Enfin, en fonction des pays, d'autres problèmes peuvent survenir : le cas des ressortissants étrangers victimes de discriminations, la corruption des autorités en place, les conditions carcérales et bien d'autres. En terme de droit international, le lien entre pauvreté et peine de mort n'est pas explicitement énoncé, ce qui peut rendre invisible la souffrance et la discrimination de beaucoup de personnes. Cependant, ce qui est certain, c'est que le droit international s'oppose à la discrimination devant la loi notamment en matière de justice et de défense : le condamné a le droit à un procès équitable, et sa situation économique ne doit en aucun cas le pénaliser dans son parcours juridique. Où en est-on ? Depuis les années 1980, la tendance mondiale est à l'abolition. En 1977, seuls 16 pays avaient aboli la peine de mort, aujourd'hui, les deux tiers du monde l'ont compris. Cependant, elle concerne aujourd'hui une majorité de personnes issues de milieux défavorisés et désavantagés face à une justice discriminante. Par exemple, on estime qu'aux Etats-Unis, 95 % des personnes présentes dans les couloirs de la mort viennent de milieux défavorisés. La Journée mondiale contre la peine de mort nous offre une opportunité d'éclairer nos idées reçues quant à la peine de mort, déconstruire nos préjugés et nous motiver à lutter contre cette pratique dégradante, inhumaine et cruelle. L'abolition est en marche, n'abandonnons pas.
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